Historique du Lac de la Héronnière
Avant le lac... un site minier

En 1962, le Groupe Minier Sullivan, aujourd’hui disparu, lance la production à la mine Solbec. Cette mine, située sur le chemin Solbec, à environ 1km au sud de l’actuel lac de la Héronnière, produit du cuivre, du zinc et du fer. Une fois les métaux extraits de la roche, les résidus sont par la suite déposés dans une cuvette marécageuse située sur le site de l’actuel lac de la Héronnière.
L’exploitation de la mine cessera en 1970, mais le concentrateur continuera à recevoir du minerai des mines voisines Cupra, Weedon et Clinton jusqu’en 1977.
D’une superficie de 66 hectares, le parc à résidus minier Solbec est resté actif de 1962 à 1977 (15 ans). Plus de 2,5 millions de mètres cubes de résidus ont ainsi été traités et accumulés dans ce parc.
Suite à la fermeture du site en 1977, une vingtaine d’hectares étaient naturellement submergés dans la partie nord en raison des nombreuses sources environnantes et la présence d’une cuvette naturelle.
Compte tenu de la forte présence de fer dans les résidus laissés à l’air libre, le site dégageait un important drainage minier acide dans l’environnement. Des échantillonnages révélaient alors des pH variant de 3,0 à 3,5. Il fallait donc procéder à sa restauration afin de faire cesser le processus d’oxydation.
En 1986, le ministère des Ressources naturelles (aujourd’hui le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles) commande une étude de caractérisation du site et des différentes possibilités de restauration du parc Solbec, classé dans la catégorie des risques élevés pour l’environnement. L’inondation du site est retenue comme la meilleure solution pour l’environnement compte tenu de la topographie du site, la présence de nombreuses sources naturelles aux abords du site, de même que les différentes qualités de son sous-sol imperméable. C’est ici qu’entre en scène l’ancienne société minière Cambior, qui fut par la suite acquise en 2006 par la société IAMGOLD.


La Restauration
Les travaux de restauration ont débuté en août 1994 soit 17 ans après la fermeture du parc à résidus :
• Déboisement de 27 hectares, surtout dans la partie sud du lac;
• Nivellement des résidus.
• Construction de 2 digues: La digue principale, de 396 m de longueur et 9 m de hauteur, ainsi que la digue secondaire, de 192 m de longueur et de 2,5 m de hauteur. Les digues ont un noyau de till (dépôt de boue, de limon, de sable et de gravier) imperméable, mais on a aussi installé une géomembrane imperméable et un lit filtrant. Des couches de graviers et de pierres consolident l’ensemble et stabilisent la berge.
• Construction d’un déversoir en béton pour faciliter l’évacuation des crues et maintenir le niveau du lac.
• Finalement, préalablement à l’ennoiement et afin de neutraliser les résidus et ramener le pH à un niveau normale, une moyenne de 230 tonnes par hectare d’agents neutralisants ont été appliquées sur l’ensemble de la surface des résidus, soit par épandage de chaux hydratée dans la zone naturellement inondée ou d’un composé de poussières et de granules de calcite CaCO3 dans la zone non inondée.
Le coût total de ce projet a été approximativement de 5 millions de dollars canadiens, majoritairement assumé par le ministère des Ressources naturelles.
Cambior ayant été achetée par Iamgold en 2006, c’est cette compagnie qui a maintenant la responsabilité perpétuelle du maintien des 2 digues.
Un Lac est né
Un an après le début des travaux, soit en septembre 1995, le lac avait atteint son niveau actuel (cote 329 m) grâce aux pluies et nombreuses sources environnantes. Sa superficie est d’environ 2 kilomètres de long par 1 kilomètre de large et 7 m de profondeur maximum.
Un programme de suivi serré a été fait dans les années subséquentes avec de nombreuses études. Très peu de lac ont bénéficié d’autant d’études.
Les études ont démontré que dès 1995, le pH du lac avait atteint des valeurs proches de la neutralité. Les concentrations en métaux problématiques dans les eaux de surface avant le recouvrement des résidus se sont résorbées et rencontraient dès 1995 les exigences du règlement sur l’eau potable.
Comme précaution additionnelle, Cambior a demandé à ce qu’il n’y ait pas d’embarcation à moteur sur le lac. Combiné au fait que le lac de la Héronnière est un lac de tête alimenté par des sources et qu’il n’y a aucune terre agricole sur son bassin versant, son eau rencontre encore aujourd’hui les critères du règlement sur l’eau potable.
Suite à la restauration du site Solbec, Cambior a fait un partenariat avec Canards illimités qui a installé des boîtes de nidification et 20 plateformes au nord du lac pour la nidification des Hérons. Canards illimités a aussi participé à des études sur la biodiversité aux environs du lac.
La forte présence de Hérons sur le lac explique l’origine du nom du lac. Malheureusement la Héronnière a été graduellement détruite au fils des années en raison des fortes tempêtes de neige et de l’activité humaine.
Le lac comporte quelques espèces de poissons dont la barbotte (qui était initialement dans l’étang), le doré et la perchaude. Des tests ont été effectués sur les barbottes (poisson de fond) il y une dizaine d’années et les taux de métaux dans la chair étaient inférieurs à ce que l’on constate généralement dans les autres plans d’eau du Québec


Développement autour du lac
La restauration ayant été complétée avec succès, Cambior a commencé dès 1997 à se départir des terres autour du lac de la Héronnière tout en se gardant des servitudes sur les 2 digues et le déversoir afin de pouvoir y faire le suivi et compléter les travaux de maintenance au besoin. Bruno Couture (Domaine des Hauts-Cantons) s’est alors porté acquéreur du ¾ des terres bordant le lac et l’autre ¼ fut vendu à 2 autres propriétaires. Le Domaine des Hauts Cantons a débuté la vente de terrains, pour fins de villégiature, en 1999. D’un seul chalet autour du lac de la Héronnière en 2003 et 2 tronçons de chemins qui couvraient environs 50% du tour du lac, le développement s’est accéléré avec la finalisation du chemin des Hauts-Cantons en 2004, la construction du chemin des Bernaches en 2009, la mise en place du réseau d’Hydro-Québec en 2012 et finalement, l’ajout de la fibre optique en 2022.
Le lac de la Héronnière compte aujourd’hui environ 160 terrains riverains ou ayant un accès au lac. De ce nombre, environ une quarantaine comporte une habitation. En raison de la qualité de son site et des nombreux atouts que comportent le lac de la Héronnière, un nombre croissant de propriétaires choisissent ce secteur pour leur résidence permanente.
Le lac de la Héronnière demeure encore à ce jour une des plus belles réussites au Canada en termes de restauration d’un site minier. La responsabilité de sa conservation incombe maintenant à l’ensemble de ses utilisateurs.
